A lire, une interview révélée par Ztélé, de Jay Ryan :
Si Jay Ryan n’est pas encore très connu de ce côté-ci
de l’Atlantique, les choses risquent de changer, grâce à son rôle dans la
nouvelle mouture de Beauty & the Beast. Alors que la série arrive sur Ztélé, voici le compte-rendu d’une session de
questions et réponses à laquelle l’acteur s’est prêté.
À l’instar de votre personnage dans Beauty & the
Beast, vous considérez-vous comme un bel homme?
Jay Ryan : C’est drôle, les questions sur ma beauté
reviennent souvent dans les médias, qui se demandent comment je peux
interpréter la Bête avec une apparence physique qui ne correspond pas à l’idée
que les gens s’en font. Ça me réjouit que ça ait provoqué une certaine
controverse dès le départ. L’émission est principalement destinée à un public
féminin. C’est un peu le Prince charmant à l’envers. Mon personnage ressemble à
un homme ordinaire, mais il peut se transformer en horrible créature
démoniaque, ce qui convient parfaitement à notre version moderne. Vous savez,
les contes de fées existent aussi pour être revisités, pour qu’on les raconte différemment,
et c’est ce que nous faisons.
Le personnage que vous interprétez, Vincent, est un
homme grossier. À votre avis, pourquoi les femmes préfèrent-elles ce genre d’homme
à ceux qui sont gentils?
Jay Ryan : Grossier? Ça n’a pas la même signification
d’où je viens… Tu veux dire un vilain garçon? Ça oui. Vincent est renfermé, il
garde ses émotions pour lui. Il ne met jamais cartes sur table, parce qu’il
doit d’abord apprendre à faire confiance aux gens. C’est Catherine, le
personnage joué par Kristin Kreuk, qui lui permettra de s’ouvrir. Je ne suis
pas certain que Vincent soit un bad boy classique. Je pense qu’il possède
beaucoup plus de profondeur que ça. On peut le percevoir de cette façon parce
qu’il se trouve du mauvais côté de la loi, mais je ne le qualifierais pas de
vilain garçon. Malgré ses difficultés à réintégrer la société, il ne souhaite
être qu’un homme comme les autres. Certains aspects de sa propre personnalité
le rebutent, notamment la nature violente de la Bête. Ça permet de parler de
l’agressivité masculine, et de la manière dont les hommes vivent avec ça.
L’émission aborde des thèmes profonds, mais ça demeure toujours divertissant.
En tant qu’acteur, comment vous transformez-vous
physiquement et mentalement pour jouer la Bête?
Jay Ryan : Et bien, physiquement, au simple niveau
cosmétique, ça prend quatre heures pour appliquer mon maquillage.
Rassurez-vous, il faut plusieurs prothèses pour me transformer en créature
hideuse! J’ai un torse de latex qui monte jusqu’au cou, huit prothèses
différentes couvrant l’entièreté de mon visage, sans oublier les verres de
contact, les fausses dents, et le poil. Je profite habituellement de ces quatre
heures de maquillage pour piquer une sieste, parce que se faire enduire le
visage de colle durant l’hiver à Toronto, ce n’est pas une partie de plaisir!
La colle gèle instantanément dès qu’elle est appliquée! À mon réveil, je vois
le reflet de la Bête dans le miroir, et ça me met directement dans la peau de
mon personnage. J’ai surtout travaillé au théâtre, et comme acteur, je suis
habitué à un jeu plus physique. À la télévision, on fait habituellement
beaucoup de dialogue, mais j’ai la chance d’interpréter une créature plus
théâtrale. Je me suis inspiré des animaux les plus féroces de la planète pour
jouer la Bête, parce que dans notre version, l’ADN de Vincent est mélangé à
celui d’animaux. C’est un rôle très physique, et à mesure que la série avance,
cet aspect se révèle davantage. Lors des trois premiers épisodes, la Bête est
toujours cachée, ou on voit son reflet flou à travers les yeux d’une Catherine
en détresse, mais à mesure que l’intrigue progresse et que les auteurs ont
appris à me faire confiance, on montre de plus en plus sa nature sauvage et
farouche.
Contrairement au Vincent de l’histoire originale, le
vôtre se transforme en Bête. C’est ce qui a fait dire à certains critiques que
l’émission est plus proche de Hulk que de Beauty & the Beast. J’aimerais
savoir ce que vous pensez de cette comparaison.
Jay Ryan : Je suis un fan de la série télé originale.
Lorsque j’ai reçu le scénario du pilote, j’espérais que ça soit quelque chose
de complètement différent. Pourquoi essayer de réparer un truc qui n’est pas
brisé? Dès que j’ai appris que Vincent se transformait en Bête, qu’il n’était
pas cette créature hideuse tout le temps, ça m’a donné le goût de jouer le
rôle. De un parce que je n’avais pas à porter les prothèses en permanence, mais
aussi parce qu’en tant que comédien, le personnage me donne accès à une très
large palette d’émotions. Il est humain à l’extérieur, mais se transforme en
Bête sous l’effet de sa chimie interne. Ça permet de jouer aux deux extrêmes,
avec l’obscurité et la lumière, et si la série continue pendant sept saisons,
ça me laisse un vaste registre avec lequel travailler.
J’apprécie aussi que cette version moderne prenne
place dans une sorte de réalité augmentée. Ça rend l’histoire crédible, et
c’est l’une des raisons pour lesquelles je voulais jouer Vincent. J’ai lu
plusieurs livres qui traitent des vraies expériences menées sur des soldats et
des animaux. Cette façon de mélanger la mythologie avec une dose de réalisme me
fascine. Puisqu’on s’adresse à un jeune public, on scrute beaucoup la culture
populaire pour voir ce qui est intéressant, ce qui retient l’attention. Je ne
suis pas certain que les jeunes femmes apprécieraient autant la série si
Vincent avait toujours la forme de la Bête. Je pense que c’est une bonne
décision des créateurs de l’émission. Je sais que certains critiques écrivent
que l’histoire n’est pas censée se passer comme ça, mais comme je le disais
plus tôt, je pense que les contes de fées sont aussi là pour être dépoussiérés,
et racontés différemment.
Vous avez surtout travaillé en Australie et en
Nouvelle-Zélande. Comment avez-vous décroché le rôle principal dans une série
américaine?
Jay Ryan : Quand est arrivé Beauty & the Beast,
j’avais décidé de prendre une année sabbatique pour me consacrer à Top of the
Lake de Jane Campion, une coproduction internationale de la BBC et de Sundance
dans laquelle je venais de décrocher un rôle. Je voulais m’isoler un certain
moment pour m’y préparer. Jane imaginait mon personnage avec un crâne à demi
rasé; on m’a donc rasé la moitié de la tête, avant d’ajouter un énorme tatou
qui me donnait un air féroce. Je jouais le fils d’un caïd de la drogue. C’est
le grand acteur Peter Mullan qui interprétait mon père. Je me suis dit qu’avec
un look pareil, personne aux États-Unis ne voudrait m’engager! Quand j’ai reçu
le scénario du pilote, je ne savais pas trop quoi faire… Puis, j’ai pensé que,
d’une certaine façon, j’avais l’air d’une bête.
Après avoir envoyé quelques vidéos d’audition, les
producteurs ont fini par m’inviter à les rencontrer. J’ai pris l’avion avec la
tête à moitié rasée. Sur place, je me suis servi des deux côtés différents de
mon crâne pour faire une routine à la Jekyll et Hyde. J’ai eu l’impression
qu’ils appréciaient ma performance, mais bon, la salle était remplie de
producteurs exécutifs qui semblaient plus préoccupés par les questions de
budget que par le reste. Je suis donc retourné chez moi pour travailler sur la
pièce de Jane, mais à peine descendu de l’avion, j’ai reçu un appel me
demandant de retourner aux États-Unis pour une lecture avec Kristin Kreuk, afin
de voir comment la chimie opérait entre nous deux. Je suis littéralement remonté
dans le même avion pour un autre dix-huit heures de vol! À mon arrivée, je
souffrais tellement de décalage horaire que j’avais du mal à parler.
On m’a mis une grosse perruque sur la tête pour
m’aider à me mettre dans la peau du personnage. J’avais l’air de sortir du film
Braveheart la première fois que j’ai rencontré Kristin! Elle n’avait aucune
idée de ma véritable apparence sous le maquillage et la perruque. Ça s’est très
bien déroulé. Kristin était adorable, et très accommodante. Elle savait que je
voulais vraiment décrocher le rôle. Elle a tout fait pour m’aider, et quelques
semaines plus tard, j’ai obtenu l’emploi. Je pense que ce n’était pas un choix
évident d’engager un acteur étranger et peu connu pour une émission américaine
très médiatisée. Ils ont pris une chance avec moi, et c’est tant mieux! J’ai
failli décrocher des rôles à plusieurs reprises dans le passé, mais quand on
est un étranger qui ne possède pas de visa, ça diminue beaucoup les chances
d’être embauché en bout de compte.
Vous dites que l’émission s’adresse à un jeune public,
mais certains moments sont quand même assez sombres, spécialement les séquences
en Afghanistan. Le fait que ça soit davantage qu’une série à l’eau de rose pour
adolescentes vous a-t’il interpellé?
Jay Ryan : Oui, définitivement. La mythologie de
l’émission m’a beaucoup interpellé, tout comme ce que je pouvais apporter au
personnage. J’apprécie les éléments plus sombres de la série, qui prennent une
texture de bande dessinée pour adultes. Vous savez, les jeunes d’aujourd’hui
sont accoutumés aux thèmes plus sombres; ils apprécient les Batman de
Christopher Nolan, ils jouent aux jeux vidéo… Notre projet se doit d’incorporer
des éléments de cette culture, ce que Gary Fleder a admirablement bien réussi en
réalisant le pilote. Il voulait emprunter le ton sombre et sans concession
d’une bande dessinée. Je pense que les contes de fées ont toujours contenu une
certaine dose de noirceur à travers leurs histoires. Ça permet de garder
l’intérêt de l’adulte qui est en train d’en faire la lecture à son enfant.
J’aime que le récit s’assombrisse à mesure qu’on en apprend davantage sur les
origines de Vincent. On découvre la nature des expériences auxquelles il a été
soumis, ou les gens qu’il a dû abandonner à New York, sa famille, ses amis, son
ancienne fiancée. Ce sont des éléments très juteux pour un acteur.
Vous avez mentionné le public largement féminin de
l’émission. Quel genre de contact avez-vous eu avec les fans jusqu’à
maintenant, et sentez-vous une certaine responsabilité envers votre public?
Jay Ryan : Et bien, le réseau de télévision m’a obligé
à ouvrir un compte Twitter. J’ai un peu peur des médias sociaux, j’ignore
comment ça fonctionne. J’apprends à force d’essais et d’erreurs, mais depuis
que j’ai joint Twitter, je me rends compte à quel point c’est fantastique
d’être ainsi connecté à son public. C’est instantané, mais les gens s’attendent
aussi à ce qu’on leur réponde immédiatement. C’est un peu comme avoir 20 000
personnes qui nécessitent votre attention toute la journée! Les scénaristes ont
aussi ouvert des comptes Twitter, et ils demandent l’opinion de l’auditoire
régulièrement. Plusieurs des commentaires qu’ils ont reçus ont déjà eu un
impact sur l’émission, ce qui est assez incroyable. Donc, oui, je sens une certaine responsabilité envers le
public, mais je ne ressens pas trop de pression. J’ai encore l’impression de
pouvoir vivre ma vie…
Je sais ce que le public veut voir à l’écran, et c’est
la romance, qui se trouve au cœur de Beauty & the Beast. Je fais le maximum
pour ne jamais négliger le côté romantique du personnage. Vincent n’utilise pas
la technologie moderne. Il laisse des notes, ou lance des cailloux contre la
fenêtre d’une personne pour attirer son attention. Je m’amuse beaucoup avec
cette façon de courtiser « à l’ancienne », avec tous ces gestes démodés. Je
pense que c’est le genre de choses qui risque de plaire à un jeune public. Même
si on s’adresse aux jeunes, des hommes et des femmes âgés de plus de
trente-cinq ans, qui adoraient l’émission originale, sont venus nous dire à
quel point ils appréciaient notre version. C’est génial! Comme notre version
est si différente de celle des années ’80, j’appréhendais un peu la réaction du
public original. Si on s’était contenté de refaire celle des années ’80 plutôt
que de l’adapter à l’époque moderne, je pense qu’on n’aurait eu aucune forme de
crédibilité. Puisque l’émission originale est disponible en DVD, pourquoi la
refaire alors?
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